Notre Histoire
Dans la ville ou à la campagne, en concentré ou prêt à la consommation, en verre ou en plastique… l’entreprise Fruito est partout ! Voici l’incroyable parcours de celle qui est à la tête du pionnier de l’industrie agro-alimentaire burundais. Derrière sa taille fine et menue, se cache une femme étonnante par son dynamisme et d’une volonté hors pair. « Tout est possible ! Là où il y a la vie, il y a de l’espoir » fait tout simplement remarquer Marie Müque Kigoma.
La naissance de Fruito ? « Une terrible envie de mieux et de gagner plus », explique Mme Kigoma. Infirmière à l’hôpital Prince Louis Rwagasore et épouse d’un juriste, les fins de mois sont plutôt difficiles pour la famille Kigoma. Afin de joindre les deux bouts, elle imagine une reconversion en infirmière indépendante et n’hésite pas à démissionner en 1983 pour se lancer dans son projet. Mais le ministère de la santé freine ses ambitions. « Il n y a pas de lois qui régissent les infirmières à domicile ! » lui dit-on.
N’ayant plus de travail, elle se trouve alors un autre emploi à mi-temps à l’ambassade américaine. Pour combler ses après-midi, elle s’en va à Bugarama plusieurs fois par semaine acheter ses fruits et légumes. Et c’est là que naît l’idée : « pourquoi ne pas faire des sirops avec tout ces maracujas ? » De sa cuisine à l’entreprise
Les premiers essais de sirops commencent dans sa cuisine. Des sirops qu’elle met dans des bouteilles de whisky (vides) et vend dans les alimentations et les boîtes de nuits. Une première à Bujumbura, une révolution dans les habitudes burundaises. « Les fruits étaient plutôt réservés aux enfants et malades »,rigole-t-elle. Son succès est tel qu’elle ne trouve bientôt plus de bouteilles de whisky. Mais Mme Kigoma ne baissera pas les bras pour autant.
C’est son mari, feu Joseph Kigoma qui lui trouve une solution toute faite : « La VERRUNDI » (la verrerie du Burundi). Fin 1985, la production est de 200kg de maracujas par semaine. Et les vendeurs de Bugarama ont dû mal à satisfaire cette demande. C’est ainsi qu’elle commence à acheter les fruits dans les autres provinces, de Bukeye jusqu’à Kayanza. En 1987, Mme Kigoma décide de passer à la vitesse supérieure. Fini la production dans sa cuisine.
Elle prend un crédit à la Banque Nationale de Développement Economique (BNDE) sur 5 ans, des équipements de production professionnelle conçus spécialement pour Fruito arrivent de Montpellier, le tout suivi d’une formation de trois semaines par des Français. Son jus est apprécié par tout le monde. « Pendant les cérémonies officielles, les élus étaient fiers d’offrir mon jus »se vante la charmante dame. En somme une fierté personnelle mais également nationale. La crise de 1993 fut un coup dur pour la florissante entreprise. Plus d’électricité, les routes allant vers Bugarama sont coupées, le crédit à la banque… finalement en 1995, Fruito met la clé sous le paillasson et la famille Kigoma s’exile en Ouganda jusqu’en 1998. La renaissance
« Tous les travailleurs sont revenus dès qu’ils ont su qu’on était de retour au pays » raconte Mme Kigoma. Et une semaine seulement après leur retour, l’entreprise rouvrait ses portes. « C’est là que j’ai réalisé que la confiance que j’avais su instaurer avec mes travailleurs et fournisseurs était très importante » confie-t-elle Aujourd’hui, l’entreprise Fruito emploie 80 personnes, sans compter la chaîne des vendeurs de maracujas. Seul bémol, nous dit Mme Kigoma, c’est le manque de soutien étatique au secteur, pourtant trés important dans un pays à 90% agricole. N’eût été le crédit de 250.000$ à zéro intérêt qu’elle a reçu d’une fondation américaine (African Development foundation), l’entreprise aurait fermé. L’élégante patronne de Fruito déplore également l’augmentation de la TVA et taxes sur la consommation (25% à eux deux)qui freine la production, ainsi que la concurrence déloyale : « Nos ventes ont baissé de30% » regrette-t-elle.Mais battante, Marie Müque Kigoma ne désespère pas « J’ai foi en la vie ! ». C’est d’ailleurs pour lui donner un coup de pouce que le 2ème vice-président lui a offert une parcelle, dans le but d’agrandir l’usine et concourir ainsi sur le marché régional et international.